Abandonnés à leur sort les Syriens fuient la guerre.
Cristian Reynders ne se trouve pas lui-même en Syrie, mais il est en contact constant avec du personnel médical dans la province d’Idlib. C’est comme ça qu’il a appris que les femmes sont pressées d’accoucher pour éviter de donner naissance à leur bébé au bord d’une route ou sous une tente.
L’offensive déclenchée le 1er décembre contre cet ultime repli des rebelles syriens est intense. Au cours des derniers jours, Cristian Reynders a perdu quatre collaborateurs, tués dans des bombardements. D’autres sont déchirés entre le désir de prendre la route pour sauver leur peau et celui de rester pour continuer à soigner leurs compatriotes.
Ces jours-ci, dans la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, il y a des femmes enceintes qui supplient leur médecin de provoquer leur accouchement avant terme, dans l’espoir de fuir le plus vite possible avec leur nouveau-né dans les bras.
« Elles se précipitent à l’hôpital et demandent qu’on les fasse accoucher tout de suite pour pouvoir partir vers le nord », raconte Cristian Reynders, coordonnateur de Médecins sans frontières pour cette région du nord-ouest de la Syrie.
Crise humanitaire en Syrie
La vague de nouveaux déplacés grossit à une vitesse phénoménale.
Les gens plantent leurs tentes dans du gravier, d’autres dorment en plein air, sous les oliviers, d’autres enfin s’abritent au bord de la route dans leur voiture.
Tout le monde souffre du froid, alors que le thermomètre reste accroché au-dessous de zéro. L’hypothermie guette les plus vulnérables. Une famille entière de déplacés, soit les parents avec deux jeunes enfants, est morte dans sa tente, dans la nuit de mardi à mercredi, intoxiqués au monoxyde de carbone, a confirmé Médecins sans frontières. Cette nuit-là, il y avait eu de la neige et de la pluie verglaçante. Leur appareil de chauffage improvisé était inadéquat. MSF craint que des cas de ce genre ne se multiplient.
Depuis le 1er décembre, des villes entières ont été vidées sous l’avance des troupes loyalistes.

« La vaste majorité des gens avaient déjà été déplacés, leur résilience a été éprouvée, ils n’ont plus de ressources, ils s’installent sur des bouts de terrain couverts de boue ou de neige, ils dorment dans des autos, ou sous les arbres », dit David Swanson, du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
« Ils se réveillent le matin et ils n’ont aucune idée de la direction dans laquelle ils devraient aller, leurs conditions sont absolument épouvantables. »
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