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Syrie : « Il est dangereux que les menaces d’un président sonnent creux (Obama cst un piège tombe pas dans le panneau )

Barack Obama, lors de la commémoration des 50 ans du discours "I have a dream" de Martin Luther King, à Washington, le 28 août.

Depuis plusieurs jours, les spéculations sur une intervention occidentale en Syrie vont bon train. Washington, qui cherche à constituer une coalition, serait prêt à mener des frappes aériennes contre le régime syrien. Une « attaque limitée », selon le président américain, Barack Obama, destinée à « punir » Damas pour l’utilisation présumée massive d’armes chimiques le 21 août dans la banlieue de Damas. Dans l’hypothèse de frappes, les médias américains ont déjà commencé à imaginer les différents scénarios d’une future intervention. Une question, essentielle, mais pour l’heure éludée par l’administration américaine, revient cependant : quels seraient les buts de guerre d’une telle action et avec quels objectifs sur le terrain et pour Washington ?

Une chose apparaît certaine pour les commentateurs de la presse américaine : l’enjeu ne serait pas ici de défendre un quelconque intérêt américain. Frapper Damas « en assumant la plus grande part de responsabilité, et soutenir n’importe quel gouvernement qui remplacerait le régime de Bachar Al-Assad ne correspond ni à une valeur américaine cruciale, ni à un intérêt national vital, résume dans Foreign Policy Aaron David Miller, spécialiste du Moyen-Orient. Obama le sait, tout comme la majorité du peuple américain ».

LA CRÉDIBILITÉ DE BARACK OBAMA

Cette opinion semble partagée par les responsables américains de tous bords. Utiliser la force militaire « sous prétexte de ‘faire quelque chose’ ne servira à pas protéger nos intérêts en Syrie », prévient le représentant démocrate de l’Etat de Washington, Adam Smith, dans The News Tribune. Pour Rand Paul, sénateur républicain du Kentucky, il n’existe pas « au niveau de la sécurité nationale de connections claires entre la guerre en Syrie et le pays ». John Boehner, le « speaker » de la Chambre des représentants, a pour sa part demandé des explications au président, dans une lettre datée du 28 août, avec cette interrogation : quels résultats espère obtenir l’administration Obama de ces attaques militaires ?

L’utilisation de la puissance militaire pour maintenir le crédit d’un pays peut certes sembler « inadéquate, mais ce n’est que trop approprié dans le monde réel dans lequel nous vivons », note le chroniqueur du Washington Post, David Ignatius. En somme, si le conflit syrien s’enfonce encore dans l’atrocité, il ne faut pas que l’on puisse dire que les Etats-Unis n’ont rien fait. Pour Fred Kaplan, dans Slate, cela enverrait « des signaux contradictoires sur la détermination et la crédibilité américaines ».

FRAPPES « SYMBOLIQUES »

Le deuxième objectif d’une intervention serait, lui, plus « moral », avec comme justification la défense du principe d’interdiction des armes chimiques – les attaques au gaz innervant constituant une violation du droit international. « Obama veut non seulement envoyer un message à Assad, mais aussi au monde : la communauté internationale considère les armes chimiques avec une horreur toute particulière », rappelle le journaliste de Time. Cela expliquerait le principe de frappes ciblées et limitées dans le temps, le but n’étant pas de « gagner la guerre civile syrienne », souligne Max Fisher, blogueur au Washington Post« Le but ultime, résume Aaron Miller, est de rester du bon côté de l’histoire face au plus grand déploiement d’armes chimiques depuis que Saddam Hussein les a utilisées contre les Kurdes et les Iraniens. »

Il s’agirait donc en quelque sorte de frappes « symboliques », ce qui explique sans doute pourquoi autant d’informations ont filtré dans les médias avant même que l’opération ne soit lancée, détruisant tout effet de surprise. L’aspect « symbolique » de cette intervention n’épargnera pas aux Etats-Unis de devoir s’interroger sur l' »après », mettent en garde les observateurs, et Washington ne pourra dès lors plus ignorer la situation chaotique sur le terrain, l’importance des groupes djihadistes au sein de l’opposition ou le drame humanitaire qui se joue en Syrie. D’autant plus, prévient Frederic C. Hof, chercheur au groupe de réflexion Atlantic Council cité dans le New York Times, que des frappes « perçues comme symboliques » pourraient finalement « permettre à Bachar Al-Assad de clamer qu’il a tenu tête à la seule puissance mondiale ».

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